Comportements dérangeants versus troubles du comportement
Il est important de faire la distinction entre les comportements dérangeants, qui sont les plus couramment rencontrés dans la pratique du comportementaliste, et les troubles du comportement, ne relevant pas de son champ d’expertise.
Qu'est-ce qu'un trouble du comportement ?
Lorsque l’on parle de trouble du comportement, il s’agit en fait d’un dysfonctionnement. Le chat présentant un trouble manifeste des comportements anormaux et sans finalité biologique évidente.[1]
Un comportement anormal, c’est[2] :
- Un comportement ne faisant pas partie du répertoire comportemental de base de l’espèce ; ou s’il en fait partie,
- Produit à une fréquence et/ou une intensité démesurée(s) ou apparaissant sans lien évident avec le contexte.
Les stéréotypies, activités répétées, fixes et sans objectif apparent, sont un trouble du comportement.[3]
Il est important de prendre en compte que les troubles du comportements constituent malgré tout des tentatives d’adaptation à l’environnement, même si cette fonction n’est pas évidente.
La notion de coping
Nous trouvons à ce propos dans la littérature le terme de coping (to cope with) qui signifie « faire face ». Les stratégies de coping sont mises en place par un individu face à un contexte stressant pour tenter de s’y adapter.[4]
Ce concept est utilisé aussi bien pour parler de véritables troubles du comportement que de comportements d’ajustement dont la valeur est adaptative.[5] Il est ainsi possible de considérer que l’ensemble des manifestations comportementales du chat correspondent à des stratégies de coping, et que leur issue peut être adaptative ou non.
Un trouble du comportement peut donc être conçu comme l’échec de la stratégie de coping, c’est-à-dire une impossibilité de s’adapter, donnant lieu à des répercussions importantes sur la santé du chat.[6]
En cela, le trouble du comportement relève du domaine de la médecine vétérinaire.
Le comportement dérangeant : un terme souvent plus adapté
Un comportement dérangeant, quant à lui, est normal et fait partie du répertoire comportemental de base du chat. Il est dit dérangeant car il est produit d’une façon gênante pour l’humain qui n’en comprend généralement pas l’utilité ou la finalité.
Par conséquent, la plupart du temps, le chat n’est pas dysfonctionnel. Il s’adapte.
C’est la raison pour laquelle les termes « troubles du comportement », « problèmes de comportement », « comportements déviants », et autres appellations du même type, ne seront jamais utilisés dans ma pratique pour qualifier les comportements adaptatifs de votre chat, aussi gênants soient-ils.
Pour en savoir plus sur les comportements dérangeants qui peuvent vous amener à me consulter, c’est par ici :
Références
[1]Bowen, J. & Heath, S. (2005). Behaviour problems in small animals. Practical advice for the veterinary team. Oxford: Elseviers Saunders. DOI : 10.1016/B978-0-7020-2767-3.X5001-5.
[2]Heath. S. (2018). Understanding felin emotions and their rôle in problem behaviours. Journal of Feline Medicine and Surgery, 20, 437-444. DOI : 10.1177/1098612X18771205.
[3]Landsberg, G., Hunthausen, W. & Ackerman, L. (2003). Stereotypic and compulsive disorders. In G. Landsberg, W. Hunthausen & L. Ackerman (Eds). Handbook of behaviorproblems of the dog and cat, 2nd ed (pp.195–225). Philadelphia, PA: Elsevier Saunders.
[4]Lazarus, R. S. & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal, and coping. Springer publishing company.
[5]Amat, M., Camps, T. & Manteca, X. (2016). Stress in owned cats : behavioural changes and welfare implications. Journal of Feline Medicine and Surgery, 18(8), 577-586. DOI : 10.1177/1098612X15590867.
[6]Mason, G. & Rushen, J. (2006). Stereotypic animal behaviour: fundamentals and applications to welfare. Wallingford: CABI.
[7]Panksepp, J. (1998). Affective neuroscience: the foundations of human and animal emotions. New York: Oxford University Press.
[8]Jongman, E. C. (2007). Adaptation of domestic cats to confinment. Journal of Veterinary Behaviour, 2(6), 193-196. DOI : 10.1016/j.jveb.2007.09.003.